« Je ne tiens pas à avoir la peau de tout le monde. Seulement celle de mes ennemis », dit Michael Corleone dans Le Parrain II. Dans des correspondances diplomatiques divulguées, des collaborateurs de l’ambassade américaine ont directement comparé le dictateur d’Azerbaïdjan, Ilham Aliyev, à Corleone – ils ont décrit Aliyev comme étant répressif, sans scrupules et brutal.
En Azerbaïdjan, tout le pouvoir est concentré dans les mains d’Aliyev et de sa grande famille. Ils terrorisent le peuple azerbaïdjanais avec des conditions de droits de l’homme parmi les pires au monde, comme le constate le Human Freedom Index du CATO Institute. Selon ce rapport, l’Azerbaïdjan se classe 127e sur 165 pays évalués. Il est encore plus mal classé que la Russie (126e) et la Biélorussie (109e). Les violations des droits de l’homme comprennent la torture, les arrestations arbitraires et le harcèlement des journalistes et des organisations non gouvernementales.
Malgré plus de cinquante ans de régime mafieux en Azerbaïdjan, Migros a signé en 2012 un contrat de franchise Migrolino avec SOCAR, la compagnie pétrolière nationale d’Azerbaïdjan. SOCAR n’est en aucun cas une entreprise indépendante : elle est détenue à 100 % par l’Etat et dirigée directement par le dictateur autoritaire azerbaïdjanais Ilham Aliyev.
Migros a renié ses principes fondateurs de responsabilité éthique et de valeurs démocratiques en s’associant à l’une des dictatures les plus corrompues de notre époque.
Le clan Aliyev au pouvoir
On peut faire le rapprochement entre le clan Aliyev, avec les familles mafieuses dans Le Parrain. Ce clan dirige le pays d’une main de fer depuis 1969 sous la forme d’un État policier. En tant que chef du KGB azerbaïdjanais, Heydar Aliyev dirigeait le pays à l’époque soviétique et son régime s’est poursuivi après l’effondrement de l’URSS. Après la mort de Heydar, son fils, Ilham Aliyev, a pris la présidence en 2003 grâce à des élections truquées. En 2017, Ilham a nommé sa propre femme vice-présidente. Sa nomination a coïncidé avec le retour en prison de militants des partis d’opposition, ce qui a été largement perçu comme une tentative de réprimer toute contestation. En 2016, Aliyev a abaissé l’âge minimum requis pour être président afin de permettre à son fils, alors âgé de 19 ans, de devenir président.
Craignant les révolutions de couleur qui ont conduit à des systèmes plus démocratiques dans d’autres anciens pays soviétiques comme la Géorgie et l’Ukraine, Aliyev a pris des mesures drastiques depuis le début des années 2000 pour éviter une situation similaire dans son pays. Akif Gurbanov, un militant démocratique azerbaïdjanais, a expliqué la contre-stratégie d’Aliyev face à ces révolutions : « Ils ont commencé par éliminer l’opposition. Puis ils ont acheté des médias indépendants avec l’argent des oligarques. Ils intimidaient les autres, les arrêtaient, les envoyaient en exil ou les poussaient à la faillite. En dernier lieu, ils se sont attaqués à la société civile ».
L’instauration d’une monarchie absolue
Dans un article publié sur Hyperallergic.com, qui examine comment l’Azerbaïdjan dépense son argent en pots-de-vin et propagande pour embellir son image à l’étranger, on peut lire : « La famille Aliyev possède, en tout ou en partie, presque tous les aspects de la vie économique azerbaïdjanaise, notamment les banques, le gaz, le pétrole, les assurances, l’aviation, les téléphones portables, les hôtels de luxe, les entreprises de construction, les mines d’or, une chaîne de télévision et l’industrie cosmétique ». Les filles d’Aliyev, Leyla et Aida Aliyeva, possèdent par exemple six banques en Azerbaïdjan.
La publication des Pandora Papers en 2022 a révélé comment les Aliyev se sont enrichis par le biais de sociétés offshore qui ont négocié des biens immobiliers britanniques d’une valeur d’environ 400 millions de livres au cours des 15 dernières années. Le fils d’Aliyev, Heydar, était le propriétaire économique de l’une de ces sociétés. Alors qu’il n’avait que 11 ans, Heydar a acheté un bâtiment pour 33,5 millions de livres.
La Suisse est synonyme de démocratie
Dès le début de la collaboration avec Migrolino, il était clair que ni SOCAR ni l’Azerbaïdjan ne disposaient, ne serait-ce que de façon approximative, des normes humanitaires ou éthiques que nous qualifierions d’acceptables en Suisse. L’initiative pour des multinationales responsables a prouvé que les citoyens suisses veulent faire respecter des pratiques commerciales éthiques.
Les profits financiers ne peuvent pas justifier des liens avec des régimes criminels comme celui d’Aliyev. En collaborant avec SOCAR, Migros approuve tacitement les dictatures, l’écrasement de l’opposition et la répression politique.
Dans le code de conduite du groupe Migros (pdf), on peut lire : « Nous défendons une concurrence libre et loyale » et « Nous ne pratiquons pas la corruption, ni ne nous laissons corrompre ». Ces déclarations sont en contradiction directe avec le contrat de franchise de Migros avec SOCAR et le lien évident avec le régime corrompu d’Ilham Aliyev.
Que les valeurs de Migros ne se transforment pas en vaines paroles ! Migros doit être à la hauteur de ses valeurs autoproclamées en condamnant l’Azerbaïdjan et en mettant fin au partenariat avec SOCAR. Nous exigeons mieux.
Migros doit, dès maintenant, mettre fin à cette collaboration ! Signez notre pétition !